Arnaud Lejeune, Kishinkai Aikido Liège, la passion de la transmission
« Cette interview a été réalisée par Simon Gousseau pour la newsletter du kishinkai international »
Arnaud a fondé l’un des premiers dojos Kishinkai. Il enseigne depuis de nombreuses années et a su regrouper autour de lui d’excellents pratiquants. Nous lui devons la version belge de la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels. J’ai entendu parler la première fois d’Arnaud sur le blog de Léo, ici. L’article vous donnera un bon aperçu du genre d’homme qu’il est.
Peux-tu présenter ton parcours dans les arts martiaux ?
J’ai démarré en 1993 à 6 ans, par une sorte de synthèse de karaté et d’aikido. Rapidement je me suis investi intensément dans le karaté shotokai, puis vers 10 ans j’ai commencé en parallèle les cours d’aikido. Enfin j’y ai ajouté le kendo que j’ai pratiqué 6 ans, et le iaido courant Muso Shinden Ryu. Je me suis vraiment investi dans la pratique dès mon enfance où je faisais une dizaine de cours par semaine et des stages les week-ends.
Comment as-tu rencontré Léo ?
Comme beaucoup de passionnés d’arts martiaux et du Japon, je le suivais sur son blog. En 2012, alors que mon intérêt pour la pratique commençait à diminuer, je lui ai écrit. Il m’a répondu le jour même, pour m’annoncer qu’il donnerait un stage à Liège quelques semaines plus tard. C’est là que je l’ai rencontré, et du jour au lendemain j’ai tout arrêté pour me consacrer à cette pratique qui ne s’appelait pas encore Kishinkai.
Tu as directement transmis ce que tu avais vu en stage ? Comment cela s’est passé pour tes élèves ?
Oui, tout à fait. J’étais tellement séduit par cette pratique que j’ai commencé à le suivre autant que possible en stage, et je transmettais à mes élèves ce que j’avais compris, ce que j’avais ressenti. Tout le monde n’a pas suivi ce changement, mais je ne pouvais pas faire autrement tellement c’était une évidence. J’enseigne avec passion, et je ne peux transmettre que si je suis pleinement convaincu et porté par ce que montre.
Qu’est-ce qui t’a marqué dans la rencontre avec Léo pour que tu fasses ce changement si soudain ?
Je crois que ce qui m’a le plus marqué ce jour-là, c’est l’instant où j’ai reçu la technique ude kime nage. Je n’avais jamais ressenti une telle absence de force, une telle sensation de vide.
Tu invites régulièrement les autres fondateurs du Kishinkai en stage. Qu’est-ce qui t’inspire chez eux ?
J’ai rencontré Issei, Tanguy et Julien lors de stages, d’aikido ou d’autres maitres, tels Hino-sensei ou Kuroda-sensei. Si je dois citer une seule caractéristique pour chacun, ce serait la mobilité d’Issei, la pédagogie de Tanguy, notamment avec les enfants, et la sobriété de Julien.
J’ai remarqué que tu aimes beaucoup la pratique aux armes.
Effectivement, et je fais souvent des allers-retours entre travail aux armes et pratique à mains nues lorsque j’enseigne.
J’aime pratiquer avec toutes les armes, même celles qui ne sont pas courantes comme le bo ou la naginata, mais j’ai une inclinaison particulière pour le sabre. Techniquement le ken nous apprend à mieux bouger, notamment en raison du danger qu’il représente. Surtout, c’est une arme noble, qui nous amène à incarner l’archétype du bushi, le guerrier.
L’an dernier tu as mis en place le cours « Samourai Junior », peux-tu en parler ?
J’ai constaté que souvent les enfants se retrouvent dans une discipline par hasard. J’avais envie d’élargir leur horizon afin que, plus tard, ils puissent choisir celle qui leur plait le plus. Ainsi lors des cours « samourai junior » les élèves pratiquent l’aikido, le karaté, le judo, le kenjutsu et aussi le iaido. Le plus important c’est de leur faire découvrir l’univers des arts martiaux japonais et leurs valeurs.
En complément des cours, j’organise des stages multi-activités lors des vacances scolaires, avec pratique martiale le matin, et découverte de la culture japonaise l’après-midi (shiatsu, taille de bonsai, dessin façon manga…)
L’été arrive avec de nombreux stages Kishinkai. Que représentent ces évènements pour toi ?
Chaque stage est une occasion de travailler avec des personnes d’horizons variés et de retrouver des amis. Surtout, en tant que pratiquant les stages ont une place primordiale pour moi car ils me permettent de travailler entre cadres, et avec les fondateurs de l’école. Ce sont des opportunité de progrès qu’il est important de saisir.
J’incite chacun à aller en stage pour ouvrir son horizon technique et humain.
Comme Germain, tu enseigneras au côté de Léo pour le Shochu Geiko. As-tu prévu quelque chose de particulier ?
J’enseignerai le soir, alors je tâcherai de garder une continuité avec le travail proposé par Léo et Germain.
Après, la force du Kishinkai est la clarté de ses principes. Elle permet de trouver une cohérence commune chez tous les enseignants de l’école, tout en leur offrant la liberté de l’incarner et la transmettre à leur façon. À titre personnel je développe de nombreux exercices pour aider à l’apprentissage, et au niveau technique j’ai une prédilection pour le principe d’irimi.
Ton passage de yodan au KishinTaikai d’Aix-en-Provence a marqué les esprits par l’intensité que tu y a mis. Peu le savent, mais tu étais pourtant blessé à la jambe ce jour-là. Comment as-tu fait pour donner autant tout en étant diminué physiquement ?
Il n’y avait pas de question à se poser. J’étais préparé, j’ai géré psychologiquement et je me suis adapté pour faire ce qu’il y avait à faire.
Un passage de grade est évidemment éloigné d’un champ de bataille, mais comme dans tout instant crucial, il est impensable de ne pas donner le meilleur de soi-même pour une question de douleur.
De la démonstration ou du passage de grade, lequel est le plus stressant ?
Dans les deux cas il y a le stress de donner le meilleur de soi même pour faire honneur à son école, et représenter fidèlement le savoir reçu. Mais une démonstration est très dépendante des partenaires alors que lors d’un passage de grade, tout repose sur soi. Ce sont deux épreuves différentes et riches d’enseignements.
Un mot pour finir ?
Le Kishinkai est l’avenir de l’aikido. C’est une école qui a su évoluer et qui redore l’image de la discipline. Pour cela j’ai une profonde gratitude envers Léo, Isseï, Julien et Tanguy qui nous offrent un trésor inestimable. J’ai le sentiment que je ne pourrai jamais les payer de leur travail, alors j’essaie de leur prouver ma gratitude par mon engagement.
La pratique redémarre, les stages reprennent, alors vous aussi, venez prendre part à cet élan !